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Où en est-on vraiment avec la contraception masculine ?


Si, sur le plan sociétal, la contraception masculine s’impose de plus en plus, force est de constater que scientifiquement presque tout reste à faire. .



Un retard reconnu scientifiquement La contraception masculine est un vaste sujet à la fois en coulisses mais aussi sur le devant de la scène, comme l’annonce d’emblée le spécialiste : « La demande et l’idée avancent. C’est un mouvement qui démarre mais, scientifiquement, nous avons soixante ans de retard ! Je souhaite que la recherche et les études commencent plus sérieusement en Europe et j’espère voir émerger une contraception masculine digne de ce nom d’ici cinq à dix ans. C’était, il est vrai, une affaire de femmes, ça l’est encore, mais de moins en moins. Pourtant, bien sûr, ce sont elles qui subissent depuis toujours les grossesses involontaires et les IVG. Face aux nombreuses interrogations et craintes concernant la pilule, le stérilet et autres moyens, aujourd’hui, elles demandent à leurs compagnons de prendre le relais », poursuit Antoine Faix. Une alternative confrontée malheureusement à peu de solutions efficaces, fiables et sans danger. Deux méthodes fiables Actuellement, deux méthodes sont officiellement et scientifiquement reconnues par le monde médical. D’abord, le préservatif, contraceptif et efficace contre les IST (infections sexuellement transmissibles). « Bien utilisé, il remplit son rôle. Certains ont su l’intégrer dans leurs jeux sexuels et varier les plaisirs face à la profusion de modèles colorés, parfumés, sucrés et originaux qui existent sur le marché. Pour d’autres, en revanche, c’est un “tue-l’amour” qui coupe toutes les ardeurs »,précise-t-il. Quoi qu’il en soit, le préservatif est aujourd’hui remboursé par la Sécurité sociale, qui ne reconnaît qu’un seul modèle basique, guère propice à un imaginaire coquin et fantaisiste. En second, une technique peu répandue, donc redoutée, la vasectomie. « Les hommes qui viennent me voir à ce sujet ont parfois des craintes concernant leur érection et leur éjaculation. Cette méthode efficace n’affecte en rien la sexualité et c’est important de les rassurer. En revanche, comme elle n’est pas toujours réversible, elle s’adresse surtout à des couples stables avec enfants qui ne veulent plus agrandir la famille », insiste l’urologue. Mais l’avenir réserve parfois quelques surprises. Les chirurgiens proposent donc à leurs patients une autoconservation de sperme pour pouvoir réaliser, si leur vie change de cap ou si le désir d’enfant resurgit, une insémination avec sperme de conjoint. Actuellement, mise au point par un institut indien, une vasectomie temporaire est à l’étude. « Le concept est intéressant et prometteur, raconte Antoine Faix, car on ne change rien à la physiologie masculine. Cela consiste à injecter un gel dans les canaux référents pour les obturer de façon non définitive. Ce bouchon, résorbable et dissous à la demande, bloquerait les spermatozoïdes et laisserait passer les fluides. Mais c’est encore en cours d’expérimentation. » Le slip chauffant En attendant, la contraception thermique continue de promettre monts et merveilles mais sans suivi à moyen ou long terme et donc, pour l’instant, sans réelle garantie médicale. Il s’agit de porter un slip chauffant ou un anneau, remontant les testicules, en position inguinale, c’est-à-dire au niveau de l’aine, quinze heures par jour, sept jours sur sept, histoire d’augmenter la température des testicules et altérer, de fait, la production des spermatozoïdes. « La méthode, toujours au stade expérimental depuis vingt ans, est contraignante. De plus, on manque d’études sérieuses avec un vrai suivi médical et de recul pour réellement se prononcer sur son acceptabilité, son innocuité, sa réversibilité et son efficacité sur la fertilité », ajoute le spécialiste. Encore trop d’interrogations en suspens pour obtenir actuellement une validation scientifique. La contraception hormonale au masculin La demande et l’attente en Occident sont exponentielles. On l’espère depuis des années, on y croit, mais pilule, gel, injections ou vaccins, encore et toujours au stade expérimental, se font attendre. « Quelle que soit la voie galénique, les études avancent, elles sont intéressantes. Mais on n’a pas encore trouvé la bonne combinaison hormonale efficace et avec des effets secondaires acceptables à court, moyen et long terme. La balance bénéfices-risques n’est pas évaluée ni établie scientifiquement », poursuit Antoine Faix. Petite et dernière lueur d’espoir, selon l’urologue et sexologue, dans cet avenir incertain : des recherches en cours avec un vaccin qui bloquerait le processus de formation des spermatozoïdes, sans l’aide d’hormones. « On intervient de façon réversible sur la spermatogenèse sans pour autant supprimer les spermatozoïdes. On les rend tout simplement non fertilisants. Mais nous en sommes encore au stade des préliminaires », regrette et conclut Antoine Faix. Alors rendez-vous dans dix ans !





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